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Salles Obscures

6 avril 2007

Deux soeurs vivaient en paix (1947)

deux_soeurs7Dans la famille Turner, prenez la soeur aînée Margaret qui est juge, et la cadette Susan qui, à 17 ans, est une lycéenne exubérante et sentimentale. Un après-midi, elle rencontre un séduisant intervenant lors d'un séminaire sur l'art, il s'appelle Richard Nugent et devient à ses yeux un fringant héros qui porte une armure de chevalier (dans son imagination !).
Or, ce Nugent est déjà connu de la juge Turner. C'est un type peu fréquentable, et Margaret est très fâchée de découvrir sa jeune soeur dans l'appartement de ce Monsieur, qui avait pourtant l'interdiction formelle d'accueillir des modèles sous son toit !

deux_soeurs6L'affaire n'est qu'un noeud d'imbroglios impossibles à démêler. Pour la peine, Richard doit escorter Susan pendant quelques semaines, le temps qu'elle laisse éclore ses sentiments de midinette, qui finiront bien par lui passer ! C'est l'oncle psychologue qui suggère cette idée à Margaret.
Contre bon gré, mal gré, tout ce petit monde accepte ce pacte. La plus heureuse est bien évidemment Susan Turner ! Richard, lui, se sent davantage attiré par l'aînée, Margaret, apparemment insensible à son charme !

deux_soeurs5Au début, j'avoue être un peu déçue et je trouvais cette comédie tout juste agréable, simplette mais un peu irritante car le personnage de Susan Turner, brillamment interprété par Shirley Temple, est particulièrement abominable ! C'est une gamine un peu sotte, insensée et au coeur d'artichaud. Son comportement capricieux met mal à l'aise Cary Grant (Richard Nugent dans le film), mais l'acteur est désormais un vieux routier dans ce registre : empoté, indisposé et encombré. Son charme dévastateur auprès de la gente féminine lui cause bien des soucis !

deux_soeurs4C'est la réalité qui donne le pas (de danse) à la fiction ! Eh oui, comment résister à ce regard coquin, ce sourire moqueur et cette prestance remarquable ?!
Puis le film finit par convaincre définitivement. Surtout grâce à d'excellentes scènes, comme le pique-nique ou le dîner en tête-à-tête qui vire en réglements de compte. Car les dialogues sont vifs, acérés, débités à une vitesse étourdissante, un galimatias tantôt romantique mais surtout donnant droit à des scènes burlesques !
La fin est hâtive, tant pis. On en retiendra sans peine d'avoir passé un moment essentiel grâce au 3/4 de ces 95 minutes de film et où les acteurs sont tous très convaincants !

Deux soeurs vivaient en paix, film d'Irving Reis (1947) - avec Cary Grant, Shirley Temple, Myrna Loy, Rudy Vallee ... Titre vo : The Bachelor and the Bobby Soxer.

"You remind me of a man..."    
"What man?"
"The man with the power"
"What power"
"The power of who-do"
"Who-do?"
"You do."
"Do what?"
"Remind me of a man..."

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6 avril 2007

Un million clés en main (1948)

un_million8Jim Blandings en a assez d'être à l'étroit dans son appartement de Manhattan et décide de casser sa tirelire pour devenir propriétaire. Il déniche la maison de ses rêves dans le Connecticut, sa femme est également conquise, c'est bon : ils se lancent dans la Grande Aventure !
Car en fait, Mr Blandings vient de signer un bon pour cauchemars imminents. Sa propriété n'est qu'une vieille bicoque qui menace de s'effondrer, il faut tout raser et reconstruire à neuf. Or, les factures s'empilent, le chantier piétine et Jim Blandings tourne chèvre. Usé par son travail de publicitaire, absent du foyer familial, Jim devient également jaloux envers un vieil ami de la famille.
un_million7Non vraiment, la maison de ses rêves devient la pire galère de son existence bien aisée !

Dans ce film, Cary Grant est un homme marié, père de deux enfants. Il n'a nullement recours à son charme légendaire pour attirer la sympathie du public. Au lieu de cela, il mise sur sa bonhommie, ses mines ubuesques, et accentue le comique de la situation. Le type qu'il joue a été berné. De son rêve est né un cauchemar. Et on hésite à compatir ou à rire !
Car malgré toutes ces mésaventures, c'est forcément très drôle. On rencontre même quelques personnages secondaires fort sympathiques, qui ajoutent à cette farce un interlude tout aussi réjouissant.
un_million4La seule chose que je déplore, c'est cette insinuation misogyne dans le scénario. La femme est toujours responsable du désordre, de la pagaille, d'être inapte à réfléchir, d'être matérialiste, dépensière, négligente et inconséquente. Bof. Et c'est Myrna Loy qui prête ses traits à Muriel Blandings. On la retrouve aux côtés de Cary Grant avec qui elle avait déjà tourné "Deux soeurs vivaient en paix" l'année précédente (en 1947).

En bref, "Un Million Clés en Main" est dans la plus pure tradition de la "screwball comedy" - scénario léger, scènes cocasses, dialogues ciselés et humour facile pour un divertissement agréable. Très efficace, avec un Cary Grant dans un registre plus sensible, mais toujours à la hauteur de nos attentes !

Un million clés en main, film de H.C Potter (1948) - avec Cary Grant, Myrna Loy, Melvyn Douglas ... Titre vo : Mr Blandings builds his Dream House.

[ Quelques répliques fétiches du film sur ce site ]

6 avril 2007

Le rideau déchiré (1966)

torn_curtain2Un physicien américain, Pr Michael Armstrong, décide de rejoindre Berlin-Est pour partager ses recherches scientifiques. Dans la foulée, il rompt avec sa fiancée, Sarah Sherman, qui prend le parti de le suivre en cachette.
Impuissante et effarée, elle assiste à la trahison de son compagnon avant de comprendre la double mission de celui-ci, devenu espion malgré lui.

"Le rideau déchiré" est le 50ème film de Hitchcock. Pour l'occasion, le Maître a décidé de célébrer cet événement en réalisant un film d'un genre inauguré par lui seul : le film d'espionnage. L'intrigue est basée en pleine guerre froide, sur les traces d'un espion débutant, qui fait ainsi partager au spectateur la pénible condition qu'exige ce métier.
torn_curtain7Pourtant, le scénario est jugé bancal, aux dires de Hitchcock. La mesure est bonne, mais cela manque cruellement d'humour et les dialogues sont plats. Or, pas le temps de peaufiner l'ensemble, il faut passer à l'action car l'actrice principale, Julie Andrews, dispose d'un emploi du temps surchargé.
Allons donc. Il est temps de faire son boulot, dans une atmosphère un peu fébrile, car Paul Newman également était perplexe à propos de ce scénario et avait osé le faire savoir en écrivant une lettre au réalisateur ! Newman est auréolé de son statut de star hollywoodienne, c'est un acteur qui s'implique, le temps où Hitchcock considérait les acteurs "comme du bétail" a bien changé !
Le film sort en 1966, il est malmené par la critique, jugé ordinaire et apathique, mais le public est au rendez-vous. Depuis l'échec de "Marnie", Hitchcock est confronté aux changements de son époque, les années 60 voient l'émergence de nouveaux réalisateurs, de prétendants qui veulent faire du Hitchcock, et celui-ci passe désormais pour un réalisateur passé et démodé !
La claque.

torn_curtain1C'est terriblement injuste d'être mis au placard. Car qui mieux que Hitchcock a su cerner ce truc en plus pour offrir du divertissement au spectateur, pour oeuvrer ce genre incomparable, le suspense glaçant, le romantisme absolu et l'humour noir ?
Dans Le Rideau Déchiré, une nouvelle fois Hitchcock démontre que son film comporte des leçons à donner, qu'il n'est nullement besoin de coller à l'air du temps pour parvenir à ses fins. Voyons la scène du meurtre, par exemple, qui est un moment d'anthologie comparable à la légendaire scène de la douche dans "Psycho", on l'oublie trop souvent ! Pas de bruit, une lente agonie, de la maladresse, des outils ordinaires, une nécessité absolue de mettre un terme à la vie de ce type... Non vraiment, on ne se moque pas de nous !
julie_andrews"Le rideau déchiré" n'a pas la même envergure que "L'homme qui en savait trop" par exemple, pourtant il sait défendre ses chances. L'action est très prenante, l'histoire tient la route et prend dans ses filets le spectateur muet d'admiration. C'est plutôt sur le choix des acteurs que le film coince un peu, on assiste là au renouveau des stars hollywoodiennes, avec les nouveaux visages. Julie Andrews est parvenue difficilement à être crédible, ses rôles dans "Mary Poppins" et "La mélodie du bonheur" lui étant encore trop proches. Ce n'est pas LA figure légendaire des Blondes hitchcockiennes, mais bon...
Ce 50ème film du Maître Hitchcock mérite d'être vu, décortiqué, médité et applaudi. Le final au théâtre rappelle d'autres recettes bien efficaces !

Le rideau déchiré, film d'A. Hitchcock (1966) - avec Paul Newman et Julie Andrews. Titre vo : Torn Curtain.

6 avril 2007

L'homme qui en savait trop (1956)

the_man1Le Dr Ben McKenna, son épouse Dot et leur fils Hank passent trois jours de vacances à Marrakech. Ils y font la connaissance d'un homme qui les tire d'un mauvais pétrin, il se présente sous le nom de Louis Bernard, mais il n'inspire aucune confiance à Dot. Elle reproche à son mari d'avoir déballé toute sa vie à cet illustre inconnu !
Un soir au restaurant, ils rencontrent le couple Drayton avec qui ils sympathisent, en croisant le dénommé Bernard avec une jeune femme, sans leur accorder un regard. Dot est suspicieuse, son mari la taquine.
the_man3Et puis, l'horreur survient. Dans les rues marocaines, Louis Bernard se jette dans les bras du Dr McKenna, le visage barbouillé de cirage, un poignard planté dans le dos. Il meurt après lui avoir murmuré à l'oreille qu'un homme d'Etat allait être assassiné à Londres dans peu de temps.
Le piège va se resserrer sur cette famille américaine quand le couple va découvrir qu'ils ne doivent en parler à personne car leur fils a été kidnappé !

Seconde version d'un film déjà sorti en 1934 et tourné en Angleterre, "L'homme qui en savait trop" figure parmi les plus grands succès du Maître Hitchcock. En choisissant de refaire en "professionnel" (c'est lui qui le dit !) cette réalisation déjà impeccable, Hitch décide de s'entourer d'une nouvelle équipe, interdite de consulter les archives, et d'offrir un nouveau souffle à cette histoire, alors qu'il est installé en Amérique et bénéficie d'une réputation qui n'est plus à démontrer.
the_man2Il choisit son fidèle James Stewart, lui seul capable d'incarner l'Homme Ordinaire avec la plus grande élégance possible. A ses côtés, Doris Day s'impose, contre l'avis général, mais Hitchcock y tient. Elle s'y révélera persuasive et émouvante, surtout dans la scène où elle pique sa crise de nerfs en apprenant que son fils est retenu en otage. Elle n'a sans doute pas l'imperméabilité d'autres actrices ayant collaboré avec le Maître, mais elle se défend.

Histoire d'enlèvement, d'espionnage, "L'homme qui en savait trop" est un Classique où la tension s'emballe assez vite. Le réalisateur annonce des pistes, puis agit avec efficacité et de cette manie de ne pas y toucher. On doit notamment une scène d'une envergure impressionnante, lors du concert donné au Royal Albert Hall, entre une Doris Day à bout de nerfs, un James Stewart aux abois et le chef d'orchestre qui ponctue de sa baguette la mise en scène avec une adéquation parfaite ! Et il y a aussi beaucoup d'humour pour soulager l'ensemble, particulièrement quand James Stewart tente de caser ses longues jambes dans le restaurant marocain où il apprendra à manger avec les doigts !
Cocorico ! C'est Daniel Gélin qui interpréte l'énigmatique Louis Bernard. On passera sous silence l'immonde allusion des Français "mangeurs d'escargots". Nobody's perfect !

L'homme qui en savait trop, film d'A. Hitchcock (1956) - avec James Stewart, Doris Day ... Titre vo : The man who knew too much.

6 avril 2007

Frenzy (1972)

frenzy4"Frenzy" signe le grand retour d'Hitchcock en Angleterre, après quelques vingt années d'absence (Hitch était installé en Amérique). Nous sommes dans les années 70, le monde du cinéma a définitivement changé et cela se ressent dans ce film.

"Frenzy" est plus violent, plus agressif et met en scène des acteurs totalement inconnus (Jon Finch, Barry Foster). Mais cela faisait partie du "plan" du cinéaste. Il lui fallait brouiller les pistes, car encore une fois Hitchcock va broder autour du sujet récurrent dans son oeuvre : le coupable idéal, ou le vrai-faux coupable.

frenzy6D'entrée de jeu, la caméra se focalise sur deux hommes après avoir zoomé sur le corps d'une femme flottant dans la Tamise, la énième victime d'un tueur en série dénommé L'étrangleur à la cravate. Par cette subtilité, on cherche à mettre dans l'esprit du spectateur qu'un des deux est le coupable, mais lequel ? Tout semble désigner Richard Blaney, ancien pilote de la RAF, qui n'a plus un sou en poche, a perdu son boulot et cherche à revoir son ex-femme. Toutes celles qu'il approche sont retrouvées assassinées ! Trop belle aubaine, coincidence exacte ou nébuleuse ... Un inspecteur de police devient perplexe et mène sa propre enquête.

frenzy5Autant le dire, quand j'avais vu "Frenzy" pour la première fois il y a quelques années, j'étais pétrifiée et horrifiée par les scènes de meurtre. L'épouvante est totale, l'acteur qui incarne ce tueur fou est abominablement excellent. Il vous donne le frisson, il vous plaque dans votre fauteuil, et je remarque que c'est toujours efficace ! Je relève même des détails encore plus sordides, et il faut reconnaître que ce sont ces scènes où ce maniaque est dans notre champ de vision qui sont les plus vibrantes ! Le reste du film repose sur cette alternance : suspense, humour noir, cabale et démonstration du crime horrible. Notez que dans cette mise en scène, la nudité est exposée et c'est plutôt étonnant de la part du flegmatique britannique. Mais passons...

frenzy2Non ce n'est pas mon film préféré, ce film n'a plus les bonnes vieilles sensations des oeuvres antécédentes, une certaine magie a disparu (les acteurs n'ont plus cette grâce et ce charisme qui crevaient les yeux). Mais le Maître demeurera à jamais indétrônable pour créer cette ambiance unique de terreur noire, teintée d'humour de surcroît !

Frenzy, film d'A. Hitchcock (1972) - avec Jon Finch, Barry Foster, Barbara Leigh-Hunt, Anna Massey, Alec McCowen ...

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6 avril 2007

La splendeur des Amberson (1942)

amberson2Un temps séduite par Eugene Morgan, Isabel Amberson décide de l'éconduire des suites d'une sombre affaire de buverie durant laquelle Morgan a écrasé sa contrebasse. Elle préfère épouser Wilbur Minafer, un garçon plus lisse, avec qui elle aura un garçon, George.
Au bout de 18 ans, Eugene Morgan est de retour dans cette petite ville tranquille du Middle-West américain. Il se rend au bal donné chez les Amberson et y retrouve Isabel avec une grande courtoisie. Morgan est aujourd'hui un homme célébré et respecté, génial inventeur de la voiture sans chevaux.
Eugene est accompagné de sa fille, Lucy, avec qui George butine sans se douter des rapports étroits qui ont liés sa mère à Morgan. En l'apprenant, il est fou de rage et ordonne de partir en voyage autour du monde avec Isabel, lui interdisant de revoir Morgan et d'accepter sa demande en mariage.
amberson7Son amourette avec Lucy n'a guère porté ses fruits, la jeune fille est consciente du tempérament autoritaire et dominateur de l'héritier Amberson-Minafer. Elle préfère prendre ses distances.

Mais dans cette vaste histoire de cours et de leurres, on se rend vite compte qu'il est aussi question d'une peinture d'un mode de vie en déclin, d'un standing de l'opulence et de l'oisiveté qui s'essoufle peu à peu. Accusant le monde moderne, incarné par la machine sans chevaux, d'être responsable de cette décadence, la figure d'Eugene Morgan est pointée du doigt. Or, du début à la fin, cet homme ne cesse d'effacer les erreurs du passé, de se réconcilier avec la nostalgie de la jeunesse, tout en s'affrontant avec George Minafer.

amberson3Tyrannique, ce dernier assiste avec impuissance à l'effondrement de "La splendeur des Amberson", il en devient fou ! Le spectateur demeure impassible, cependant, ne parvenant pas à s'émouvoir pour ce jeune homme, incompréhensible et manquant d'émotion.
On devine très vite que les jours de gloire sont comptés pour la famille Amberson, les spectres de la mot rôdent, et nous sommes à l'aube des mutations économiques et sociales du XXe siècle, auxquelles George est farouchement opposé. Il manque de discernement, refuse le progrès et a un comportement capricieux.

amberson6C'est l'acteur Tim Holt qui prête ses traits à ce personnage buté. Et quel talent ! Il occupe à lui seul une grande partie de la mise en scène, laquelle est bien entendue versée dans la noirceur et le pessimisme. C'est Orson Welles qui joue le narrateur et commente la Splendeur des Amberson d'une voix atone. Sa réalisation est fidèle au sentiment de rigidité, d'opacité et de zones d'ombre. Cela frise l'austérité !

Le film a été tourné un an après "Citizen Kane" mais n'a pas rencontré de succès auprès du public, en dépit du très bon accueil de la presse. On a d'abord accusé la durée du film (130 minutes) et décidé de revoir la copie de Welles en modifiant le montage (effectué par un assistant, non par Welles qui a crié au scandale). Du coup, il ne reste que 89 minutes de film, et l'on sent très bien la dernière 1/2 heure précipitée, hachée et expéditive. Dommage.
amberson5C'est aussi d'après un roman de Booth Tarkington (cf. Alice Adams, déjà) que ce film a vu jour. J'espère me réconcilier avec sa lecture, car le film souffre de manques et d'une interprétation des acteurs pas toujours rutilante (j'ai personnellement trouvé Joseph Cotten un peu transparent). On parle de magnificence, mais elle semble être étouffée par la mélancolie et l'inertie d'une classe spectatrice des changements de son temps. A voir, car ce film est classé parmi les 100 meilleurs films américains, et surtout car la 1ère heure vaut vraiment le coup ! Chapeau aussi à la jeune Ann Baxter, interprète de Lucy Morgan, puisque le choix des acteurs laisse parfois à désirer.

La Splendeur des Amberson, film d'Orson Welles (1942) - avec Joseph Cotten, Dolorès Costello, Tim Holt, Ann Baxter, Richard Bennett, Ray Collins, Agnes Moorehead. Titre vo : The Magnificent Ambersons.

5 avril 2007

Le prince et la danseuse (1957)

marilyn_the_prince_and_the_showgirl_3Marilyn incarne Elsie Marina, danseuse dans le cabaret Coconut Girl, dans un quartier de Londres. La famille royale de Carpathie vient d'arriver en Angleterre pour célébrer le couronnement du roi George V.
Pour se distraire le temps d'une soirée, le Grand-Duc Charles rencontre cette américaine et s'émoustille à la vue d'une bretelle qui lâche sur la blanche et ronde poitrine d'Elsie. Il décide de l'inviter pour un souper dans ses appartements et pousser plus en avant quelques entreprises coquines.
Toutefois, Elsie n'est pas dupe. Elle boit vodka et champagne, fait des entorses au protocole, pourtant son esprit vif se rebiffe en rejetant les avances du régent ! Ce dernier, habitué à dominer son petit monde, voit rouge, s'esclaffe et s'époumonne... non vraiment, cette petite américaine le déconcerte et ça ne l'enchante guère.
Malgré cela, suivant les doux aléas du scénario aux gentils rebondissements, Elsie s'installe dans cette ambassade, opine du chef face au français impeccable de la reine mère, prétend connaître une certaine Sarah Bernhardt, surprend le fils du régent en conversation téléphonique suspicieuse, mais jamais elle ne se départit de son humour ni de sa fraîcheur qui vont permettre de dérider le caractère autoritaire et intempestif du Grand-Duc !...

Inutile de revenir sur les conditions de tournage difficiles du film... Il n'en demeure pas moins douteux d'admirer ce couple se séduire à l'écran alors que leurs rapports étaient teintés de froideur et d'arrogance sur les plateaux.
C'est étrange, troublant. Comme souvent, les aléas de la vie personnelle de Marilyn ont empoisonné son travail, la rendant complètement invivable et entretenant une fausse réputation d'enquiquineuse au boulot.
Laurence Olivier, qui s'était avoué enchanté de collaborer avec la méga star américaine, fut vite désappointé par certains caprices de celle-ci (mais qui s'expliquent si on se penche davantage sur les circonstances entourant la vie de Marilyn en cette année 1956).
marilyn_the_prince_and_the_showgirl_2Le film est en fait adapté d'une pièce qui s'intitule "The sleeping prince", et c'était le couple Laurence Olivier - Vivien Leigh qui avait interprété ce rôle sur les planches. L'acteur anglais accepta donc la proposition des Productions MM, à la condition d'en être le réalisateur, le co-producteur et le premier rôle.
Mais les deux acteurs n'ont jamais su s'accorder. Marilyn était blessée des attentes d'Olivier : il voulait qu'elle soit sexy, c'est tout. Cela correspondait très mal avec ses envies de se forger une nouvelle identité de comédienne.
Effectivement dans le film, Marilyn est au premier abord ce qu'on attend absolument d'elle : elle est blonde, sexy et bécasse ! Pourtant, à bien y regarder, Marilyn interprète une Elsie Marina plus mutine et espiègle qu'on n'y pensait. La star jubile, elle rayonne, son jeu fait montre de sa large palette en étant irrésistiblement drôle. Elle comprend qu'elle n'est qu'une conquête parmi d'autres aux yeux du régent, et pourtant elle entreprend un jeu du chat et de la souris exquis et délicieux. Ce qu'elle souhaite, c'est être aimée, tomber amoureuse et donner de l'amour à cet homme solitaire et au coeur de pierre.
Parviendra-t-elle à ce qu'elle veut ? La fin est justement une lettre ouverte à la question : l'amour n'est-il qu'enfantillage ?

marilyn_the_prince_and_the_showgirl_5"The Prince and the showgirl" n'a malheureusement rencontré qu'un succès mitigé auprès du public à sa sortie, les critiques étaient clémentes, saluant le potentiel de Marilyn qui surpassait de très loin son partenaire. Le seul reproche du film réside, justement, sur le fait que l'histoire était un tantinet pauvrette et peu crédible. Son scénario laisse entendre une belle comédie sentimentale, avec des éclats de rire et de séduction, mais ce n'est pas suffisant pour emballer les foules. De plus, Laurence Olivier a privilégié une réalisation lisse et classique, qui émousse le charme dans lequel l'interprétation de Marilyn désirait l'entraîner.
Un peu dommage. Il ne faut cependant pas se priver de voir ce film car c'est toujours un bonheur d'admirer la blonde et sublime Marilyn.

Le Prince et la Danseuse / The Prince and the Showgirl -

film réalisé par Laurence Olivier (1957)

5 avril 2007

Cette sacrée vérité (1937)

awful_truth_2Jerry Warriner et sa femme Lucy se mentent depuis longtemps sans en être dupes. Ils décident donc, d'un commun accord, de divorcer (90 jours sont nécessaires pour rendre ce jugement effectif). Sans plus attendre, ils s'engagent tous les deux à d'autres personnes : Lucy avec un riche mais ennuyeux homme d'affaire d'Oklahoma qui voyage avec sa mère, Jerry avec Barbara Valance, une jeune héritière. Chacun fait de son mieux pour que les plans de l'autre échouent...

Cette comédie légère est un bonheur à voir et revoir où les deux acteurs, Cary Grant et Irene Dunne, sont époustouflants et scintillent dans leurs interprétations improvisées de bout en bout ! Eh oui.. Leo McCarey n'a pas lésiné sur la fantaisie, changeant d'idées chaque matin, il modifiait son script avec une absence totale de considération pour le "coaching" mental de ses acteurs. C'était la belle époque, et tant mieux d'avoir osé ce pari car le résultat est un régal fait de situations burlesques, deawful_truth_3 dialogues vifs et ciselés, d'anecdotes poilantes et de rebondissements sans cesse ingénieux et qui prêtent à sourire !

Autre raison de voir ce film : il y a Cary Grant. The Awful Truth est le film qui consacrera son personnage et en fera une star. Sa composition est parfaite : ironique, clownesque, toujours dans le bon tempo, ses expressions et attitudes suffisent à faire rire. Faites une pause sur le regard concupiscent du Sieur dans les dernières minutes du film, ma foi... ça vous laissera songeur !

Mention spéciale pour M. Smith, le chien du couple Warriner. Skippy le terrier s'illustrera à nouveau dans "L'impossible Monsieur Bébé" au côté de son nouvel ami Cary Grant !
En 1937, Leo McCarey obtint l'Oscar du meilleur réalisateur pour ce film.

Cette sacrée vérité, film de Leo McCarey (1937) avec Cary Grant & Irene Dunne. Titre vo : The awful truth

5 avril 2007

Eve (1950)

all_about_eve_7Tout commence par la cérémonie de remise du prix théâtral Sarah-Sibbons. Le prix de l'année est décerné à une jeune comédienne : Eve Harrington. Soudain, l'image se fige. Karen Richard (femme de l'écrivain Lloyd Richard) nous raconte comment 8 mois auparavant, elle a fait la connaissance de Eve Harrington. Ce n'était alors qu'une spectatrice assidue, grande admiratrice de l'actrice Margo Channing. Peu à peu Eve va réussir à gagner la confiance de Margo pour mieux la scruter, la copier et se glisser dans sa vie.

"All about Eve" est un film d'une grande intelligence, un film qui reflète la spiritualité et démontre avec génie les rouages de l'ambition dévorante d'une jeune débutante et les ravages sur une actrice confirmée mais vieillissante (et consciente de ce fait). Dans ce registre, Bette Davis est stupéfiante, capricieuse et hystérique, jalouse, paranoïaque, bref une tigresse qui me rappelle la Blanche DuBois de T. Williams. Face à elle, Anne Baxter prête ses traits au personnage apparemment angélique d'Eve, petite chose bouleversante dont l'histoire émeut l'actrice Margo Channing. Eve va abuser de la confiance des uns et des autres, parfaite et bluffante manipulatrice, prête à tout pour gravir sa route pavée d'étoiles...

All_about_eve_4On n'oubliera pas d'évoquer les 1ers pas de Marilyn, vers la 43ème minute, dans son fourreau d'une blancheur éclatante. Elle incarne Miss Caswell, une starlette qui rêve aussi d'entrer dans le cercle fermé du petit milieu du théâtre new-yorkais. Oh, à peine 10 minutes d'images chipées ci et là, et l'actrice tire sa révérence... mais comment ne pas saisir la réplique d'un personnage ("Well done. I can see your career rising in the east like the sun") et y voir une note prémonitoire ?

Ce film est un chef d'oeuvre, purement et simplement. Mankiewicz décrit un monde qu'il connaît bien et livre une vision critique de la société en s'attaquant à ses travers (l'arrivisme, le vieillissement, la paranoïa). Il utilise aussi un procédé original du flash-back oral pour raconter l'histoire et le parcours d'Eve grâce à ses trois narrateurs. Pour ces multiples raisons, incluant la prestation exemplaire des acteurs, "All about Eve" a été couronné d'Oscars et est toujours considéré comme l'un des meilleurs films de tous les temps. Appréciation totalement justifiée !

Eve, film de Joseph Mankiewicz (1950) - avec Bette Davis, Anne Baxter, George Sanders ... Titre vo : All About Eve.

5 avril 2007

Mais qui a tué Harry ? (1955)

Dans une forêt au large d'une petite bourgade dans le Vermont, un coup de feu retentit. Deux minutes plus tard, un jeune garçon tombe nez à nez avec le cadavre d'un homme en costume gris. Il court prévenir sa maman.

Harry_1

Entre-temps, un braconnier fait la même découverte, en étant persuadé que c'est lui le meurtrier de cet individu prénommé Harry (un courrier à son nom est retrouvé dans une poche). En entendant les pas accourir vers lui, il se cache derrière un arbre et découvre le petit Tony avec sa maman, laquelle a une bien étrange réaction : "oh chouette, la Providence est avec nous ! nous voilà débarrassés de Harry !"...
harry_2Allons donc. Le capitaine Wiles, témoin malgré lui, s'en veut d'avoir tué l'inconnu mais décide de dissimuler le corps. Une nouvelle fois, il est surpris par Miss Gravely. Point surprise ni ulcérée, elle propose même au Capitaine de venir prendre une tasse de thé chez elle.
Bien étrange bourgade.. non ?
On continue de croiser d'autres phénomènes de foire : un artiste peintre, Sam Marlowe, qui ne vend pas une croûte et fait le croquis du mort en écoutant la confession du capitaine Wiles. Il décide de l'aider afin de séduire la toute mignonne Jennifer, maman du petit Tony, avec laquelle Marlowe va en apprendre de bien belles. Encore une fois !

L'histoire s'enchaîne de la sorte. A partir d'un cadavre, l'intrigue se tisse sur savoir qui a tué Harry, qui est-il et pourquoi est-il mort. Que faisait-il là, aussi ? Le mobile est forcément entre les mains des quatre personnages, on découvre au fil des minutes des révélations toutes plus surprenantes les unes que les autres.
Jusqu'où cela mène-t-il ?!
harry_4A noter aussi le corps du mort est baladé de gauche à droite, enterré, déterré, planqué dans une baignoire etc etc ... Lui aussi n'en finit pas de voir du pays ! Et pourtant, c'est justement là qu'on s'amuse, qu'on savoure cet humour noir et macabre, particulièrement subtil. Hitchcock avait cette volonté de réaliser un film inattendu. Avec "The trouble with Harry", il n'y a point de suspense, point de psychologie, point d'héroïne froide et fatale, non rien de tout ça.
D'abord, aucune star hollywoodienne. Shirley MacLaine est encore débutante, elle est rousse, un peu déjantée et délurée, elle apporte sincèrement cette touche de fantaisie si nécessaire au film. Combinée au jeu des acteurs, la musique de Bernard Herrmann habille le film comme une seconde peau. Tour à tour étrange et sautillante, c'est une pure réussite !
Il faut absolument rendre ses belles lettres de noblesse à ce film réalisé avec génie et une pointe de malice. La gaieté est présente dès les premières minutes du film. Ah non, pas pour vous ?.. eh bien, passez votre chemin !
"Well. The trouble with Harry is over."

Mais qui a tué Harry ? - film d'Alfred Hitchcock (1956) - avec Shirley MacLaine, Edmund Gwenn, John Forsythe, Mildred Natwick. Titre vo : The trouble with Harry. Adapté du roman de Jack Trevor Story.

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