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Salles Obscures

18 septembre 2015

Le Requiem des abysses, de Maxime Chattam

LE REQUIEM DES ABYSSES

Après les tragiques événements dont il a été témoin à Paris (cf. Léviatemps), Guy de Timée est parti se ressourcer à la campagne, chez son vieil ami Maximilien. Mais de nouveau, des crimes sordides viennent secouer sa retraite paisible et ramènent notre écrivain sur le sentier des âmes perdues et torturées. Sous ses yeux, des scènes abominables, d'une rare barbarie, orchestrant le massacre de familles entières...

Accrochez-vous, car on ne s'habitue pas à cette surenchère de violence et de bains de sang. J'ai d'ailleurs trouvé certains passages à la limite du supportable et j'ai même fait des pauses dans ma lecture pour me remettre de mes émotions. Dur, dur. Puis, l'histoire va prendre un revers étonnant et nous replacer dans le contexte initial : Paris. Hubris. Etc. Un vieux contentieux à régler une bonne fois pour toute.

Et, ma foi, ce dénouement ne m'aura nullement surprise puisque je l'avais attendu depuis un bon moment ! Mais que de débauche, de perversion, d'immondices, de bassesses et d'horreur pour atteindre ce but. Ceci dit, Chattam boucle son diptyque du temps avec panache, anéantissant au passage nombre de ses personnages, pour en finir avec les démons, l'obsession du Mal, le crime impuni, la lâcheté, la duperie etc.

Cela se termine dans la noirceur et l'amertume. Notre Guy de Timée, dont l'esprit méthodique a tenté d'impressionner les foules, n'aura pas su briller autrement que par son égocentrisme et sa prétention. À trop vouloir se familiariser avec les monstruosités, il a finalement brûlé une partie de son âme. C'est sans pitié, lourd et poignant. Mais l'histoire est palpitante et se délecte de nous malmener, on n'en attendait pas moins non plus !

 au choix : Albin Michel, mai 2011 ♦ Pocket, mai 2013 ♦ Audiolib, décembre 2011 (texte lu par Xavier Béja) 

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18 septembre 2015

Yeruldelgger, par Ian Manook

Yeruldelgger

Il y a, d'abord, le dépaysement avec cette Mongolie, destination encore vierge de mes pérégrinations littéraires. Un peuple, une culture, un folklore, des légendes... tout un pan à découvrir, pour mon plus grand plaisir. Et puis j'adore le changement, casser les habitudes, me perdre dans des ailleurs possibles et inimaginables.

Ensuite, il y a l'histoire (la découverte en pleine steppe du corps d'une fillette, ses boucles blondes et sa bicyclette rose) et son enquêteur principal (le commissaire Yeruldelgger, cœur brisé et carrière détruite, le genre qui n'a plus rien à perdre). Cela vous place une ambiance, d'office vous vous dites que n'allez pas vous rouler dans la poussière de joie et d'extase.

Ajoutez trois géologues chinois et deux prostituées mongoles sauvagement assassinés, baignant dans leur sang, sous les yeux de policiers abasourdis par tant de barbarie. Des têtes qui tombent, d'autres qui hurlent au scandale ou qui envoient promener les curieux pour protéger des secrets inavouables... L'univers d'Ian Manook nous réserve des surprises étonnantes, mais ô combien sordides et éprouvantes.

Dans ce thriller d’une maîtrise saisissante, le lecteur est entraîné par un rythme effréné dans une histoire pleine de méandres, entre traditions et mutations, révélations et bouleversements. Prenez garde, c'est âpre, d'une violence inouïe et affligeante (viols, agressions sexuelles, tortures...) ; l'immersion est totale mais franchement peu confortable.

Pour l'instant Yeruldelgger me laisse insatisfaite et j'attends la suite (la fin est abrupte, peu concluante). L'intrigue inspire un profond malaise, car trop brutale et choquante (Oyun... bon sang !!). La figure de l'inspecteur Y. ne m'a pas du tout convaincue, non seulement c'est du déjà vu, mais le type n'est qu'un bourrin. Ses collègues blaguent à son sujet en le comparant à Horatio Caine, je pencherai plutôt pour Walker Texas ranger ! >.<

Audiolib, janvier 2015 ♦ texte lu par Martin Spinhayer (durée : 15h 32) ♦ disponible également chez Albin Michel (2013) ou Livre de Poche (2015)

Audiolib : « Une interprétation à « coeur battant » ... c'est exactement ça ! 

18 septembre 2015

Délivrance, de Jussi Adler-Olsen

Après Miséricorde & Profanation ... 

Délivrance

Une bouteille à la mer, repêchée près des côtes écossaises, vient d'atterrir dans les bureaux du Département V. À l'intérieur, se trouve un appel au secours sur un bout de papier usé par le temps. Considérant cette trouvaille anecdotique, Carl demande à Rose de reconstituer le message avant de se lancer dans une enquête plus croustillante.

Il deviendra alors très intéressant de suivre le parcours du criminel en puissance, qui kidnappe la progéniture de familles aisées, pour s'enrichir personnellement mais aussi pour régler un vieux traumatisme de l'enfance, alors qu'il était sous le joug d'une éducation religieuse trop archaïque. L'individu se révèle être un caméléon, capable de se fondre dans la foule et de vivre plusieurs vies. C'est très, très stressant pour le confondre.

Sans quoi, cette lecture permet de renouer avec nos personnages fétiches et découvrir un Carl Morck décomplexé et en paix avec ses démons. De plus, sa vie sentimentale est enfin au beau fixe ! Reste le mystère autour de son acolyte Assad, un réfugié syrien assez pataud et bougrement sympathique, qui semble pourtant jouer une drôle de comédie. À son tour, Rose lève le masque sur une nouvelle facette de sa personnalité. Le lecteur n'est pas dupe, mais n'en loupe pas une miette.

Cette série policière enchaîne les livres avec toujours autant de succès, on les lit avec énormément de plaisir et excitation.Les enquêtes sont palpitantes, avec une histoire solide et des personnages qui n'ont pas tout livré de leurs mystères. De plus, j'adore ce climat nordique, l'humour, le flegme danois... C'est dépaysant au possible. Je suis 100% conquise.

Audiolib, janvier 2015 ♦ texte intégral lu par Julien Chatelet (durée : 17h 12) ♦ traduit par Caroline Berg pour les éditions Albin Michel

Après s'être brillamment illustré en interprétant Danny Torrance ou Bernie Gunther (dans la Trilogie berlinoise), Julien Chatelet, qui a repris le flambeau tenu par Eric Herson-Macarel, s'illustre avec panache dans cette nouvelle série du Département V.

18 septembre 2015

Comment je vais tuer papa, de Carina Bergfeldt

Comment je vais tuer papa

Très bonne découverte que ce premier roman de la suédoise Carina Bergfeldt, qui propose de suivre une intrigue à suspense avec un meurtre à résoudre, un parricide à démasquer et les réminiscences d'une enfance bafouée.

Tout commence par la découverte du corps d'une mère de famille, dont la disparition avait été signalée deux mois plus tôt. La femme souffrait de dépression nerveuse et avait laissé une lettre d'adieu avant de quitter le foyer. Un suicide, donc. Sur place, la journaliste Julia Almliden cherche à obtenir le scoop et se positionne immédiatement pour interroger le mari, le voisinage, fouiller le passé de la victime et éclaircir les zones obscures.

Un travail de routine, redoutable d'efficacité, qui va même dépasser l'investigation de la police, toujours au point mort ! Julia et sa collègue Ing-Marie Andersson, dans leur obstination, bousculent les enquêteurs, dont Anna Eiler, peu habituée à renâcler à la besogne. Que lui arrive-t-il ? Jamais elle n'a été aussi détachée et négligente sur une affaire. Comme si elle avait les idées ailleurs. Son entourage s'interroge.

Et nous aussi. Car la construction du roman est rusée et brouille les pistes exprès pour semer le doute, les trois jeunes femmes ont chacune des secrets à préserver et c'est seulement dans les derniers chapitres qu'on découvre leur teneur. En attendant, on se demande laquelle des trois cherche à éliminer son père en mijotant le crime parfait. C'est dense, rondement mené et percutant.

On a là une lecture haletante, qui maintient son mystère jusque la fin ! Rien que pour ça, chapeau. Le ton moderne et les références à la pop culture (Dexter ou Stieg Larsson) cassent aussi avec les clichés du thriller noir et pesant. Ici, on respecte les classiques mais on impose un style désinvolte, sans jamais minimiser cette extraordinaire maîtrise du suspense. 

Hachette, coll. Black Moon Thriller, février 2014 ♦ traduit par Lucas Messmer (Fadersmord)

18 septembre 2015

Trois, de Sarah Lotz

Trois

Construit à la façon d'un documentaire journalistique, rassemblant témoignages, articles de presse et messages électroniques, ce livre se lit avec un certain détachement, mais non sans délectation. C'est aussi une formidable enquête pour comprendre le mystère des « Trois » qui a nourri les plus folles spéculations.

Le 12 janvier 2012, quatre avions de ligne s'écrasent, l'un au Portugal, l'autre au Japon, le troisième aux États-Unis et le dernier en Afrique centrale. Des milliers de morts sont à déplorer, la planète est sous le choc et atterrée de découvrir, parmi les décombres, trois enfants miraculés. Jessica Craddock, Bobby Small et Hiro Yanagida. Après l'émotion, place à l'interrogation... puis à l'indignation. On accuse les enfants d'être les Cavaliers de l'Apocalypse, des Extraterrestres ou des entités possédées par le démon.

Les journaux s'emballent, les rumeurs enflent sur le net, des mouvements évangéliques voient le jour et la théorie du complot est montée en épingle. Sans le vouloir, Sarah Lotz nous décortique le phénomène de la surenchère médiatique avec un réalisme glaçant, à travers un roman haletant et original. J'ai beaucoup apprécié, malgré quelques longueurs, me plonger dans cette lecture imprévisible et angoissante.

Pourtant, il n'y a aucune séquence brutale ou surprenante, juste une sensation de malaise filtré au compte-goutte. Car la tension du livre s'insinue de façon perfide, en collectant des faits anodins suggérant une anomalie galopante. Cela intervient par des coïncidences étranges (un grand-père atteint d'Alzheimer qui recouvre la parole) ou des attitudes différentes (une fillette qui semble deviner les pensées de ses proches ou un garçon qui s'exprime par le biais d'un androïde). Entre conclusions hâtives et nouveaux drames, il n'y a qu'un pas.

Et franchement, c'est bluffant ! Ou comment une histoire déroutante peut tyranniser son lecteur en le plaçant en mauvaise posture jusqu'à la frustration finale, qui restera une éternelle énigme ! J'ai bien joué le jeu et j'ai aimé ça.

Fleuve Noir, mai 2014 ♦ traduit par Michel Pagel (The Three)

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18 septembre 2015

Le Complexe d'Eden Bellwether, de Benjamin Wood

Le complexe d'Eden Bellwether

“Le Complexe d'Eden Bellwether” combine l'ambiance énigmatique à une intrigue perfide et redoutable, avec au cœur de l'action des jeunes gens huppés, batifolant sur les pelouses de King's College, et le narrateur, Max, simple aide-soignant dans une maison de retraite. Max obtient son droit d'entrée dans ce club élitiste grâce à sa relation naissante avec la jolie Iris, or celle-ci ne supporte plus les discours pompeux de son frère, Eden, un organiste virtuose, qui prône que la musique qu'il joue peut sauver des vies.

Ensemble, ils tentent de démontrer l'ineptie de ses propos, font appel au spécialiste des troubles de la personnalité, le Pr Herbert Crest, veulent alarmer la famille et l'entourage, qui ne se doutent pas que, sous le caractère narcissique d'Eden, se cache un esprit torturé, oscillant depuis des années entre le génie et la démence. Certes, ce roman m'aura fait instinctivement penser à celui de Donna Tartt, Le Maître des illusions, qui réunit lui aussi l'école prestigieuse, la manipulation, l'engrenage infernal, le mystère et le drame. 

J'ai beaucoup aimé me plonger dans ce monde raffiné, romantique mais désabusé, où l'histoire serait presque anecdotique tant le contexte est alléchant et divinement planté. Cet environnement guindé m'a plus que séduite, au point d'occulter la trame appliquée mais laborieuse, semblable à une course de fond désespérée. Dès lors, quelle force et quel toupet dans ce roman brillant et audacieux, qui peut surprendre et envoûter tout lecteur en quête de romans académiques dans la lignée « secret-history-esque ». 

Audiolib, février 2015 ♦ texte lu par Thierry Janssen (durée : 14h 41) 

Au micro, Thierry Janssen, qu'on ne présente plus, nous fait passer un moment exquis et guide avec talent le lecteur dans ce suspense où dialoguent réalité quotidienne et symboles éternels. Il a également enregistré pour Audiolib les romans de Lars Kepler et Fred Vargas, et aussi Sukkwan Island

 

Le complexe d'Eden Bellwether Wood

Roman traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Renaud Morin

PRIX DU ROMAN FNAC 2014

18 septembre 2015

Les Égouts de Los Angeles, de Michael Connelly

Les Egouts de Los Angeles

Première apparition de l'inspecteur Harry Bosch, sous les traits d'un flic désabusé, ayant pas mal roulé sa bosse au sein du LAPD, mais mis au placard suite à une bavure policière. Il se cantonne désormais aux affaires de dealers, prostituées et délinquants de bas étage, mais n'en demeure pas moins un fin limier. Arrivé en premier sur les lieux d'un crime (un cadavre découvert dans une canalisation), il identifie aussitôt la victime comme s'agissant d'un vétéran du Vietnam, Billy Meadows.

Il réfute les conclusions officielles - mort par overdose - et se charge de l'enquête, contre l'avis de son supérieur. On lui colle alors sur les bras un agent du FBI, Eleanor Wish, ainsi que deux mouchards, Lewis et Clarke, chargés de fliquer tous ses faits et gestes. Harry Bosch le rebelle entre en piste, se jouant de la hiérarchie et agissant selon ses envies. Son travail d'investigation n'en demeure pas moins irréprochable : le type suit son instinct, vaille que vaille, et cela porte ses fruits !

Par contre, ça cogne et vous ronge de l'intérieur. C'est un petit monde très dur et âpre, assez glauque et peu glamour. Même l'inspecteur Bosch est sérieux comme un pape, aigri et meurtri par les coups durs... Pour une première approche, j'avoue, c'est rude ! Le rythme se distingue par un ton laconique, au suspense tendu. Classique et brut. Ce titre date tout de même de 1992 et en affiche fièrement les codes et les couleurs. Il y a peu d'humour, mais de l'action virile et impitoyable. Le dénouement peut surprendre et j'ai plutôt apprécié, tout en espérant davantage pour la suite !

Calmann-lévy, octobre 2012 pour la présente édition ♦ traduit par Jean Esch (The Black Echo)

Dans la foulée, j'ai également lu le 2ème tome des enquêtes de Harry Bosch avec La Glace Noire.

La glace noire

Harry Bosch entend laver l'honneur d'un collègue flic et se lance (une fois encore) dans une enquête contre l'avis de ses supérieurs... L'histoire se passe dans le milieu de la drogue, dans les années 90, c'est toujours aussi désespérant, noir et amer. Il me manque le charme, la finesse et un peu de légèreté. Mais je n'abdique pas encore.

Points Policier, novembre 2012 pour la présente édition ♦ traduit par Jean Esch (The Black Ice)

18 septembre 2015

Faute de preuves, par Harlan Coben

Faute de preuves

Wendy Tynes, journaliste aux méthodes peu orthodoxes (elle piège en direct les prédateurs sexuels), n'avait jamais envisagé de se planter jusqu'au cas de Dan Mercer. Épinglé comme ces prédécesseurs, livré en pâture à la vindicte populaire, l'homme ne cesse de clamer son innocence. Pour la première fois, Wendy est prise de remords. Peut-être a-t-elle commis l'audace de trop ? Bavure ou pas, son petit monde et ses certitudes vont soudainement vaciller vers le flou total.

Car Wendy est coriace, sitôt qu'elle flaire une piste fumeuse, elle ne lâche plus le morceau. La disparition d'une adolescente et l'enquête de la police en pleine déroute la conduisent à mettre son grain de sel. Dan Mercer souhaite la rencontrer en privé ? Wendy suit son plan, tel un vrai jeu de pistes. Qu'est-ce qui l'attend au bout ? Un drame, qui la met dans l'embarras. Mais aussi le sentiment tenace qu'elle est manipulée depuis le début !

Dénonçant la cyber-propagande, les rumeurs virales et visant une réflexion sur la rédemption et la compassion (« Si on n'a pas de compassion, qu'est-ce qui nous reste ? »), l'intrigue est parfois peu subtile mais se lit sans temps mort. On plonge tout de go dans une histoire palpitante, calibrée à la Harlan Coben. En somme, c'est pratique, efficace et distrayant.

Belfond, coll. Noir, mars 2011 ♦ traduit par Roxane Azimi ♦ disponible en format poche chez Pocket (février 2012)

18 septembre 2015

Un feu dans la nuit, par Erin Kelly

Un feu dans la nuit

Quelle histoire ! Les MacBride passent le weekend à la campagne, pour célébrer la mémoire de la mère, décédée trop tôt d'un cancer foudroyant. Le plus jeune frère, Félix, débarque avec sa nouvelle petite copine, Kerry, belle et provocante, ce qui agace l'aînée, Sophie, déjà au fond du trou depuis son accouchement. Un soir, tout le monde profite d'une sortie pour décompresser. Le bébé est confié à la blonde incendiaire. Mais à leur retour, panique à bord : l'enfant et la jeune femme ont disparu.

Ce qu'on découvre ensuite est complètement hallucinant ! On a un retournement de situation qu'on n'aurait jamais soupçonné et qui a non seulement le mérite de nous surprendre mais aussi de regagner notre intérêt flageolant. Le début est en effet assez classique, on s'attend à des retrouvailles larmoyantes d'une famille encore éplorée par la perte de leur mère. Mais l'ambiance à la campagne est tendre et chaleureuse, donc pourquoi pas ? Quand tout dérape, on n'a rien vu venir et on reste comme un rond de flan.

Franchement, l'onde de choc a été la bienvenue. L'histoire prend une tournure plus machiavélique, et c'est très bon, captivant, avec une part de psychose bien flippante. Certes, l'expérience reste perturbante et inspire une multitude de sentiments, mais cette plongée au cœur d'une histoire familiale, cernée par la vengeance et la haine, est saisissante par sa mise en scène et sa rouerie. J'ai été bluffée. Rien que pour ça, je recommande ce livre ! 

JC Lattès, octobre 2014 ♦ traduit par Eva Roques (The Burning Air)

18 septembre 2015

Les Chiens de Riga, par Henning Mankell

Les Chiens de Riga

Je reprends la série des Kurt Wallander, après l'avoir croisé dans La lionne blanche en tant qu'aventurier sortant de ses gonds. Un rôle assez inattendu, et déconcertant. Cette fois j'ai été pleinement séduite par l'enquête qui débute sur une plage en Suède avant de s'exiler vers la Lettonie. Un canot pneumatique échoué révèle deux corps à son bord. Ces deux individus sont sans identité, mais la police fait rapidement le rapprochement avec des mafieux originaires des pays de l'ancien bloc soviétique. Un major est envoyé sur place, un type secret mais attachant, il renseigne les suédois avant de rentrer chez lui, où il sera assassiné dans la foulée.

Cette nouvelle accable l'inspecteur Wallander, qui s'était senti proche de l'homme affable. Il décide alors de se rendre à Riga et, sous le charme de la jolie veuve, va se lancer dans une vendetta secrète, solitaire et délirante pour démêler une affaire véreuse et qui sent le soufre. L'ambiance est de mise, froide et cinglante. Les personnages filent un mauvais coton, le décor est dévasté, le pays en plein chaos politique, aucune confiance à accorder, les services de police sont en perte de vitesse, la surveillance acharnée, les menaces prodiguées et les règlements de compte pleuvent à tout-va.

Bref, l'intrigue nous plonge dans les méandres profonds et cafardeux d'un roman d'espionnage. C'est gris, voire blafard et déprimant. Les livres de Mankell figurent parmi les précurseurs de la vague des polars nordiques qui ont envahi notre marché (pour mon plus grand bonheur). Et j'ai beau épluché tous les spécimens existants, je reviens toujours vers ce cher Wallander, l'archétype du héros désabusé, mais qui a à cœur de venger la veuve et l'orphelin avec une conscience toute professionnelle. Le livre a été lu par une froide soirée d'hiver. La symbiose était totale. :-)

Points Policier, février 2004 pour la présente édition ♦ traduit par Anna Gibson (Hundarna i Riga)

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