La rivière sans retour (1954)
C'est la ruée vers l'Ouest, des milliers de pionniers tentent leur chance pour trouver de l'or et acquérir une fortune tant espérée. Ils arrivent dans les villes, bruyants, désabusés ou querelleurs. Ils en veulent tous, mais il n'y en a pas pour tous. A l'écart de ce déchaînement des passions, il y a Matt Calder, un fermier qui cultive tranquillement ses terres, pas très loin des indiens. Ces derniers le surveillent et/ou le toisent, mais lui fichent la paix. Ses jours sont comptés, il en est conscient, et c'est ce qu'il explique d'office à son p'tit garçon, Mark, qui vient d'arriver dans sa vie (on devine que l'enfant a grandi avec sa mère, mais qu'elle vient de décéder... pas plus de détails là-dessus !).
Dans le camp des prospecteurs, Mark avait gagné une amie - la délicieuse Kay, une chanteuse de saloon. Ses charmes éblouissent tous les hommes, pourtant la belle n'a d'yeux que pour Harry Weston, un joueur de cartes pas très honnête. Le type vient de décrocher la chance de sa vie : un titre de propriété d'une mine d'or, qu'il doit réclamer au plus vite, à Council City. Seul moyen pour s'y rendre : acheter un radeau et longer la rivière sans retour, réputée mortelle. Kay lâche tout pour le suivre, mais en chemin le couple manque de chavirer et doit la vie sauve à Matt Calder. Il n'en sera pas récompensé pour autant : Weston le dépouille, le fiche k-o et lui vole son cheval.
Groggy mais indemne, Calder comprend que leurs jours sont en danger en avisant les indiens et leurs peintures de guerre. Il faut vite prendre la fuite. Seule issue : la très dangereuse rivière sans retour ! Entre les indiens d'un côté et les rapides de l'autre, Calder, son fils et la ravissante Kay (lâchée par son fiancé) vont vivre de rudes moments. De plus, si la rivière porte si bien son nom, c'est qu'elle garantie aux plus audacieux des émotions rares. A bien écouter la chanson que pousse Kay, en fin de parcours : There is a river called the river of no return Sometimes it's peaceful and sometimes wild and free Love is a trav'ler on the river of no return Swept on for ever to be lost in the stormy sea ... La métaphore est bien là !
Tout film avec Marilyn est un instant magique, et même si l'actrice s'est vue imposer ce tournage (un western de série B), elle parvient à tout transcender, à briller et crever l'écran avec ses déhanchements de pin-up. Et plus encore : l'actrice y interprète quatre chansons (One silver dollar, I'm Gonna File My Claim, Down In The Meadow, River of no return) qui révèlent une voix chaude, sensuelle et envoûtante. Marilyn apparaît en tenue sexy au début du film, et puis très vite elle adopte un look différent mais qui continue de mettre en lumière son sex-appeal avec un simple jean et un chemisier. (Même avec un sac à patates, Marilyn aurait continué de dégager son pouvoir de séduction ! ... )
Le tournage a été un long périple pour elle, ses rapports avec Otto Preminger (également de corvée forcée sur ce film) n'ont pas été au beau fixe. L'un et l'autre abusaient de méthodes éprouvantes pour faire craquer les nerfs du moins résistant. Lors d'une scène, Marilyn se tord la cheville et exige un plâtre (une mini victoire qui oblige un report de tournage, ce qui fait enrager le réalisateur). Bref, on pouvait espérer mieux d'une rencontre entre ces deux personnalités !
Marilyn et son partenaire, le séduisant Robert Mitchum, s'en tiendront aussi à des rapports distants et courtois. La belle redoute la réputation de don-juan du beau gosse, de plus son mari (Joe diMaggio) arrivera en cours de tournage, fulminant de rage et de jalousie - histoire d'encore plus pourrir l'ambiance sur le plateau ! A noter, le tournage a eu lieu en milieu naturel, au coeur des Rocheuses canadiennes. Le résultat est splendide, pigmenté par la magie du Technicolor ! ...
Il faut du positif dans ce film ! Car oui, l'émotion est au rendez-vous, il y a de l'amour aussi, des étincelles qui éclatent entre Kay et Calder, ce dernier déteste la jolie blonde qu'il trouve stupide, et celle-ci ne peut s'empêcher de défendre son filou de fiancé et cherche à piquer le fermier pour qu'il souffre à son tour (elle y parviendra, d'ailleurs !). Mais tout ceci, en plus de la traversée de la rivière folle furieuse et des attaques des indiens, donne un sentiment de cadence acharnée à ce western. C'est vif, enlevé et les acteurs exacerbent cette entente électrique entre eux, bref c'est du cinéma de grande envolée, planté dans un décor de toute beauté. Et puis c'est Marilyn, sans ses moues aguicheuses, mais blonde et appétissante, naïve et victime de son physique de vamp... Petite cerise sur le gâteau : la scène finale est belle, grandissime, bref c'est LA scène du film ! ...
Un florilège des chansons interprétées dans le film :
river of no return
down in the meadow
I'm gonna file my claim
one silver dollar